C’est avec beaucoup de tristesse que nous avons appris le décès de Philippe Chat
fondateur du Salon de l'éphémère, du festival "Graphisme dans la rue", et de la Galerule .
Nous tenions à exprimer notre amitié et notre soutien.
Toutes nos pensées vont vers Madame Chat, directrice de notre école d'art à Fontenay sous bois, dans ces moments difficiles.
Il n’habitait pas la ville mais y avait conçu des lieux emblématiques. Le codirecteur de l’école des arts plastiques et fondateur de la Galeru, Philippe Chat, est décédé samedi. « Les arts plastiques, c’était lui , vante l’adjoint à la culture à la mairie (PC), Michel Tabanou. C’était le débroussailleur du terrain des arts graphiques.
» Et de citer le Festival de l’éphémère dès 1988 et le Concours international d’affiches lancé en 2007. Sans oublier l’espace dédié à l’art de rue, la Galeru, installé dans une ancienne échoppe de cordonnier, rue Charles-Brassée, et dont la devanture interpellait à chaque exposition. « Il avait aussi profité de l’ouverture de la halle Roublot pour y monter des opérations », poursuit Michel Tabanou.
Le Parisien
Philippe Chat
Philippe Chat est décédé le 22 décembre 2012, âgé de 58 ans. Pendant près d'un quart de siècle, avec sa compagne, Evelyne, il a contribué à Fontenay-sous-Bois, en banlieue parisienne, à donner au graphisme ses lettres de noblesse. Ce sont eux, en effet, qui ont initié le Salon de l'éphémère, en 1988, manifestation inédite dans le champ artistique. Chaque année, des dizaines de graphistes, illustrateurs, plasticiens occupaient les panneaux municipaux et divers espaces de la ville pour afficher des messages personnels, souvent résolument politiques. Ainsi, les Fontenaysiens, enchantés de l'aubaine, et au fil du temps un public bien plus large, ont pu apprécier les œuvres imprimées pour l'occasion de Michel Quarez ou de Thomas Hirschhorn, de Ben ou de Pierre di Sciullo, créées pour eux et détruites in fine (c'était la règle). Philippe Chat, bon connaisseur de l'affiche artistique et lui-même sérigraphe, s'est montré de plus en plus sensible aux qualités du graphisme contemporain : puissance de communication, renouvellement de l'esthétique de la lettre, maîtrise du signe, critique de la publicité et engagement social. Un autre événement est né en 1993, Graphisme dans la rue, offrant à des auteurs la possibilité d'intervenir librement sur des « thème citoyens » : l'urbanisme, le droit des femmes, etc. Là encore des noms prestigieux sont venus concourir ; en premier Gérard Paris-Clavel, puis Claude Baillargeon, les Graphistes associés, Michel Quarez, suivis d'une cohorte de jeunes graphistes « découverts » depuis, Malte Martin, Pascal Colrat, Ronald Curchod, Fanette Mellier et bien d'autres. En apposant des affiches dans l’espace public destinées à promouvoir réflexions individuelles et collectives, Philippe Chat cherchait à implanter un « laboratoire de nouvelles formes d’humanisme » selon les termes de Julia Kristeva qu'il revendiquait. Depuis 2007, Graphisme dans la rue s'est prolongé d'un concours international d'affiches qui, il faut l'espérer, survivra à son fondateur. Philippe Chat a également inventé à Fontenay un nouveau mode d'exposition : « La Galeru », une cordonnerie enchâssée dans des immeubles anciens mais disposant d'une large vitrine, rachetée par la ville et allouée aux artistes afin de montrer leur œuvre aux passants. La Galeru propose une programmation variée où le graphisme est privilégié : en 2009, Jean Widmer y fut à son tour accueilli. Philippe Chat n'a eu de cesse d'ancrer sa démarche et d'en renouveler l'ambition. Il s'est ingénié à multiplier les espaces propres à des interventions artistiques porteuses de sens : murs peints par Michel Quarez ou Simon Bernheim, inscriptions et installations typographiques pérennes de David Poulard, Anne-Marie Latrémolière ou Bruno Souêtre. Soit toutes les manières de circonvenir la rhétorique publicitaire ou l'univers uniformisé des tags, au profit d'une constante interrogation sur l'espace urbain et la communication qu'elle suppose, de la signalétique aux messages d'utilité publique. Il a impulsé des commandes par la ville questionnant la notion-même de mobilier urbain : voir la série de bancs d’artistes de Laurent Sfar et Laurent Simon. Enfin, il a accordé une place éminente à la pédagogie : au sein de l'école municipale des arts aussi bien que par la collaboration avec des écoles supérieures d'art comme celles de Cambrai, de Rennes ou les Arts décoratifs de Paris. Au-delà de l'aspect humain irréparable, la disparition de Philippe Chat sonne comme une autre mauvaise nouvelle en 2012 après la fermeture de la galerie Anatome. Il est à souhaiter que les années à venir soient pour le graphisme comme il les imaginait, sans oublier le riche patrimoine d'œuvres et d'expériences qu'il a su constituer.
Michel Wlassikoff
Un hommage devrait être rendu par des artistes dans la plus petite galerie d'art de France "la Galeru" dans le village à Fontenay sous bois.